vol plané [PV avec Severus]

Les disputes s'enchainaient depuis un moment deja ... D'habitude elles se trouvaient plus courtes et se terminaient generalement par un claquement de porte, un bruit de pleurs, puis un silence mortel. Mais là, non. Les parents du jeune Severus s'étaient brouillés pour un rien. Enfin ... non pas vraiment pour rien. Encore une fois, ils se disputaient à cause de leur unique enfant. Celui-ci avait préparé sa valise avec l'aide de se mère. Mais Tobbias été entré dans la chambre avec fracas et avait séparé Eileen de son fils en la traitant de tous les noms, lui donnant l'ordre de ne pas aider Severus. D'après lui, il fallait qu'il apprenne à se debrouiller tout seul. Après tout, il allait rester une année entière au chateau, sans plus revoir ses parents. Autant se séparer tout de suite de lui. Sev', appeuré, s'était reculé dans un coin de la pièce, en essayant bien de se faire le plus petit possible. Il s'était adossé contre le mur et avait glissé jusqu'au sol. Prenant ses genoux dans ses bras, il cacha son visage, laissant seulement ses yeux baignés de larmes parcourir la scène qui se deroulait devant lui. Malgré son àge, maintenant plus avancé, Severus n'avait jamais supporté d'assister aux scènes violentes que s'adonnaient ses parents à longueur de journée. Il avait prit l'habitude de les entendre hurler, certes. Mais n'aimaient pas regarder. Car ne pas entendre, c'est simple. Il suffit de se boucher les oreilles et de se terrer sous son lit. Ca, Severus savait très bien le faire. Mais s'empecher de voir ... La difficulté se trouvait là. Eileen et Tobbias en venaient à celui qui blesserait le plus l'autre à l'aide de mots violents ... A côté de son père, la mère de Severus semblait bien frèle tout à coup. Assez petite, aussi blanche de peau que son fils, Eileen possédait de très longs cheveux noirs et drus, qui ondulaient dans son dos au rythme de ses gestes. Son visage n'était pas vraiment harmonieux, mais d'elle, se degageait souvent un charme etrange, mélé de pitié et de souffrance. Elle avait un tel regard, lui seul était bien la seule chose en elle qui soit vraiment beau. Son visage était allongé et pointu, ses paupières tombaient assez lourdement sur son regard clair. Avec du recul, l'on pourrait la trouver très belle. Mais cette femme n'était que douleur et larmes mélées. Elle tentait de se monter contre son mari, mais celui-ci la depassait d'une tête, presque deux. Immense, élancé, au visage sculpté dans le roc. Les paumettes saillantes, les cheveux rabattus en arrière, son visage lancaient des éclairs perpetuels sur la pauvre mère de Severus. Celui-ci restait immobile, quoique tremblant dans le coin de la pièce ... Il se mordait tellement les lèvres qu'un gout de sang envahit sa bouche, s'ajoutant à l'ecoeurement qu'il ressentait deja depuis le debut de cette scène. Au bout d'un long moment, Eileen tomba à genoux, le visage masqué dans les mains. Elle se mit à sangloter, et à deverser des flots de pardon et d'excuses en bafouillant. Ces excuses maladroites mais sincères, bourrées de souffrance et de veritables remords, ne firent ni chaud ni froid à Tobbias. Quand Eileen lui prit la jambe et leva les yeux vers lui d'un air suppliant, son mari se degagea vivement et tourna les talons. Alors la mère de Severus tomba à terre et se recroquevilla lamentablement sur elle-même, délaissée et pitoyable. Sev' ne put en supporter plus. Il voulu aider sa mère, bien sûr, mais savait que si Tobbias revenait, il serait beaucoup moins indulgent envers lui. Il devait rester loin de sa mère, il le savait. Peut-être etait-ce car elle était une Moldue ... C'était bien là la seule explication que possédait le large esprit du jeune garçon. Celui-ci se leva donc, essuya ses larmes, et sortit de la pièce sans un regard pour sa mère qui, voyant son fils s'eloigner d'elle, fut secouée d'autant plus de sanglots qu'auparavant. Sev' sortit de chez lui, et se mit à courrir dans la rue. Courrir ... Fuir, partir. Le vent fouettait son visage, et faisait s'envoler ses larmes. Severus savait où il allait. Dans une situation comme celle-ci, le seul moyen de faire evacuer les tristes images qui innondaient ses pensées, était d'aller dans le parc. Dans ce parc. Dans leur parc, à eux deux. Il courrut plus vite, et arriva dans le square le souffle court, et les poumons brûlants. Severus avanca encore un peu, près des balancoires et des tourniquets délaissés et recouverts de mousse, avant de se laisser tomber lourdement derrière un buisson. Le fait que les alentours soient detrempés de pluie et de boue ne le derangea nullement. Il s'assit dans l'herbe, caché du reste du monde dans ce coin qu'il connaissait si bien. Sev' resecha ses larmes, mais cette fois-ci avec une pointe d'agacement. Il ne devait pas pleurer ... Il ne devait plus pleurer. Pas à cause de ce tyrannique père qui le hantait continuellement. Severus devait plutôt penser à sa rentrée, à tous ces visages qu'il allait decouvrir. A ce visage en particulier. Ce visage souriant, parsemé de taches de rousseurs, qu'il connaissait si bien. Sev' se recroquevilla, et murmurra le nom de Lily du bout des lèvres, comme un appel au secours, le seul moyen qui pouvait encore le maintenir hors de l'eau. Ou était-elle en ce moment ? Preparait-elle ses affaires elle aussi ? Ou bien se balladait-elle avec ses parents et sa crétine de soeur ? Quand la jeune fille était loin de lui, Severus le sentait. Imperceptiblement. Mais son instinct lui dictait cela, de manière etrange et encore inconnue pour lui. Le jeune garçon leva son nez vers le ciel, laissant glisser des mèches de cheveux sur son visage. Le temps était voilé, quoique encore chaud pour cette fin de saison. Le vent se voulait assez violent. Il poussait les balancoires dans un grincement affreux et terrifiant. Mais Severus aimait cela par dessus tout. D'ailleurs, il eut dans l'idée d'aller se reposer sur la marjelle de cette balancoire, si particulierement attirante pour lui. Mais alors qu'il se redressa, un bruit mat se fit entendre. Le jeune garçon bondit hors de son buisson et regarda par terre. Lily se trouvait là, vautrée dans l'herbe mouillée ! Le coeur de Severus fit un bond inimaginable dans sa poitrine. Il s'elanca vers la jeune fille et se baissa pour l'aider à se relever. Il s'accroupit, le visage effrayé à l'idée qu'il puisse lui arriver quelque chose de mal. Severus aida la jeune fille à s'asseoir par terre, paniqué. D'une voix chevrotante, il lacha.
_ Lily ! Tu ne t'es pas fait mal ?! C'est à cause de moi que tu es tombée n'est-ce pas ?
Severus fit une grimace affolée.
_ Oh S'cuse moi, s'cuse moi, s'cuse moi ! Je ... je ne savais pas que tu était là alors ... euh ... Pardon !
Le jeune garçon n'était jamais dans son état normal lorsque cette tornade rousse se tenait près de lui. Il bafouillait un peu quand il la voyait, mais l'amitié et la confiance aidant, il ne mettait jamais longtemps à pouvoir s'ouvrir à elle.

Severus ne fut pas aussi convaincu des paroles de son amie qu'il ne l'aurait dû. Après tout, il serait capable du pire comme du meilleur pour elle. Il le savait bien. Quoique ... Pour lui, l'amour, l'amitié, étaient deux choses très floues, très loitaines et encore inconnues. Tout ce qu'il savait de ces deux sentiments, piliers du bonheur pour certains, était cette sensation de bien-être et de chaleur qui regnait dans son âme quand il se tenait près de Lily. Mais c'était tout ... Pour le reste, son coeur restait glacé, son regard hautain et ses gestes transparents. La jeune fille semblait le reanimer, lui redonner des couleurs. Comme si la lumière qui emanait de ses beaux yeux verts etincelaient jusque dans le regard de Sev', qui se mettait à briller d'un eclat petillant. Lily assura son ami qu'il n'y était strictement pour rien dans la cause de sa chute, avant de lui ecraser un enorme bisou sur la joue ! Severus fut frappé d'un eclair de glace, qui le paralysa d'un seul coup de la tête aux pieds ! Comme il eut l'air con sur le moment ... Les yeux figés, les gestes stoppés ... Quand Lily reprit la parole, Severus la regarda d'un air absent. D'un air ultra discret, il fit mine de se recoiffer d'un geste de la main, alors qu'en réalité, il passa le bout de ses doigts à l'endroit ou Lily venait de lui faire un piou. Un frisson lui parcouru l'echine. Sev' se perdit un instant dans ses pensées, mais revint bien vite à lui, se rendant compte que son geste pouvait être detecté par son amie ... Il toussota, et la regarda d'un regard deja moins vague. Son esprit divaguait par ce bisou, mais son attention était ultra-ouverte. Enfin, son visage semblait à son tour être contaminé par les douces couleurs de Lily: Severus semblait soudain moins pâle, moins maladif. Il rit même legerement aux paroles de son amie ! Dingue, non ?! Elle imitait plutôt bien Ollivander, il fallait le dire. Sev' s'installa plus confortablement dans l'herbe. Le Soleil reaparaissait de derrière quelques nuages gris, projetant ses rayons sur le petit parc. L'atmosphère se rechauffa un peu. Le jeune garçon s'assit en tailleurs, à côté de son amie. Il posa ses mains derrière lui, et tourna la tête vers elle. Quand Lily sortit sa baguette de sa poche, Severus se rappella brutalement la rentrée de Poudlard, à laquelle il n'avait plus vraiment repensé ses derniers temps. A part la scène qui s'était deroulée auparavant chez elle, Severus n'avait jamais osé penser à cette rentrée qu'il attendait, et redoutait en même temps. Tout naturellement, le jeune garçon se mit à parler. A parler sans plus aucune animosité, sans gène, sans retenue. Un long sourire se dessina sur son visage.
_ Je suis heureux pour toi. Posséder sa propre baguette est une chose deja magique ! Moi je me suis deja entraîné à certains sorts. Regarde !
D'un geste vif et empréssé, Severus sortit sa propre baguette de sa poche. Il ne la quittait jamais. C'était sa deuxième meilleure amie ! Le jeune garçon pointa la baguette devant lui, et murmurra un sortilège. Il agitait de bout de sa baguette doucement, en faisant des dessins dans l'air avec un mouvement gracieux. Du bout de cette baguette, sortirent alors des filaments de couleurs brillantes, qui propagaient dans l'airs des arabesques fantastiques. Elles vrillèrent dans l'air tandis que d'autres s'enroulaient autour de Lily au fur et à mesure que Severus agitait sa baguette. Quelques papillons très fins se dessinèrent bientôt et virevoltèrent de manière assez maladroite autour de la jeune fille. Sev' observait la reaction de Lily du coin de l'oeil. Il ne lui avouera jamais, mais ce sort, il l'avait appris en secret, rien que pour elle ... Satisfait, Severus reposa son bras, et regarda les papillons scintillants d'un oeil malicieux. L'un d'entre eux passa juste devant son nez, le faisant loucher un instant. D'un léger souffle, Severus le dissipa dans l'air. Un autre encore, se posa juste sur le nez de Lily ! Le jeune garçon rit legerement et regarda la jeune fille d'un air amusé. Tout en souriant, son regard divagua un instant. Il repondit d'un air neutre à la question de son amie.
_ Eh bien ... Je suis impatient, mais très effrayé à la fois. C'est bizard. Je ... je n'ai jamais posé les pieds dans ce château. J'ai comme l'impression de me jeter dans le vide, sans savoir ce qui va m'arriver. En même temps, je ne vois aucune raison pour que les choses tournent mal mais ...
[justify]Severus baissa soudain la tête. Ses mèches de cheveux flotterent devant ses yeux, et ses joues prirent une teinte plus colorée. De toute evidence, il se sentait géné à l'idée de ce qu'il allait dire. Pourtant, après un instant d'hesitation, le jeune garçon lacha d'une voix qui se voulut assez basse.
_ Ce qui me fait le plus peur c'est de ... d'être ... séparé ... de toi.
D'un regard apprehensif, Severus jeta un coup d'oeil à Lily. Il ajouta:
_ Je veux dire ... on ne sera surement pas dans la même maison et ... enfin ... j'ai l'impression que beaucoup de choses vont changer. Surtout pour toi. Je ... je ne veux pas te perdre, c'est tout.
Sev' detourna le regard, et fit mine, soudain, de s'interesser aux brins d'herbes qui ondulaient sous ses yeux.